Analyse de discours: concepts, démarches et pratique

1-1-Le discours : essai de définition

Dans l’usage courant, le discours réfère à des énoncés solennels (discours d’un chef d’état, d’un président, d’un responsable, etc.) ou à des paroles sans effet (tout ça, c’est des discours), ou encore n’importe quel usage restreint de la langue : discours administratif, politique, polémique, etc.

Selon Maingueneau (2007 : 30-33), le discours  est :

a-  Une organisation au-delà de la phrase : càd des unités transphrastiques, ils mobilisent des structures d’un autre ordre que celle de la phrase.

b-  Est orienté : il ya une visée du locuteur, il se développe dans le temps de façon linéaire qui se manifeste souvent  par un jeu d’anticipations (on va voir que…) (j’y reviendrais), ou de retour en arrière (j’aurais dû dire…)

c-Est une forme d’action : on agit sur l’autre car parler est une forme d’action sur autrui. Searle (1969) a montré que toute énonciation constitue un acte visant à modifier une situation.

d-  Est interactif : cette inter-activité  engage deux partenaires marqués dans l’énoncé par les pronoms JE-TU. C’est une interactivité d’ordre oral.

e-  Contextualisé : en effet le discours intervient dans un contexte, car le même discours énoncé dans un autre contexte aura une autre interprétation. (prendre en considération le contexte d’énonciation)

f-  Est pris en charge par un sujet : le discours n’est discours que s’il et rapporté à un Je qui est source de repérages personnels, temporels, spatiaux et indique quelle attitude adopter vis-à-vis de ce qu’il dit et vis-à-vis de son co-énonciateur.

g-  Est régi par des normes : l’activité verbale s’inscrit dans une vaste institution de parole. Chaque acte de langage implique lui-même des normes particulières 

h-  Est pris dans un inter-discours : le discours ne prend forme qu’à l’intérieur d’un univers d’autres discours à travers lequel il doit se frayer un chemin.

L’instabilité de la notion de discours rend dérisoire toute tentative de donner une définition précise du discours et de l’analyse de discours.

1-1-1-     Discours et Récit

Cette distinction a été introduite par Benveniste (1966). Elle est fondée sur la présence ou l’absence des indices grammaticaux de l’énonciation dans un énoncé. Benveniste oppose ainsi le passé simple, marque du récit, au passé composé qui caractériserait le discours. Aussi  établit il la distinction entre deux systèmes temporels: les temps du discours Vs Le temps du récit :

i-  les temps du discours  dont le point de repère sert à ancrer les indications temporelles et le moment d'énonciation (moment où je parle ou écris).  Centré sur le présent d'énonciation, le discours peut comprendre tous les autres temps verbaux dont : le passé composé, le futur simple, le futur antérieur, le conditionnel, le passé antérieur et le plus-que-parfait.

 

ii-  Le temps du récit par lequel l'ancrage se fait en disjonction avec le présent d'énonciation est centré autour du passé simple. Le récit comprend : le plus-que-parfait, l'imparfait, le conditionnel, le passé antérieur et le passé simple. ‹‹Ainsi se trouve établie une distinction entre, d’une part le plan d’énonciation qui relève du discours, et d’autre part un plan d’énonciation historique qui caractérise le récit des événements passés sans aucune intervention du locuteur » Benveniste (1966 : 238-239)

1-1-2-     Discours1 et texte

Actuellement, le terme discours recouvre non seulement le discours oral mais aussi le texte écrit. Fuchs (1985: 22) le définit comme un : ‹‹objet concret, produit dans une situation déterminée sous l'effet d'un réseau complexe de déterminations extralinguistiques (sociales, idéologiques) ››.

D’un point de vue pragmatique, le texte est conçu comme un ensemble culturel renvoyant à des données d’origines variées, et non pas seulement linguistiques[1]. C’est pourquoi le texte, tout comme le discours, est défini comme  l'utilisation d'énoncés dans leur combinaison pour l'accomplissement d'actes sociaux.

Le discours,  qui renvoie à l’acte de langage, remplit trois fonctions :

i- une fonction propositionnelle (ce que disent les mots) ;

ii- une fonction illocutoire (ce que l'on fait par les mots: accuser, ordonner, demander une information, etc...) ; par l'acte illocutoire, s'instaure une relation, un rapport entre les interactants ;

iii- une fonction perlocutoire (le but visé), agir ou chercher à agir sur l'interlocuteur.

                        Ex: Il fait chaud dans la salle



[1] Plusieurs acceptions sont retenues selon les différents points de vue.


Return to top